Portrait de Fatima Rodrigues (mise en contexte de Mylène Brault), Hôtel Intercontinental, section locale 62, Unifor

25 mai 2020

Mylène Brault est présidente de l’unité des employés de l’hôtel Intercontinental de la section locale 62 d’Unifor. Comme on le sait, les hôtels sont gravement affectés par la crise de la COVID-19. L’hôtel est occupé entre 3 % et 6 % à l’heure actuelle par des clients. Si ce n’était du contrat obtenu pour accueillir 300 militaires de l’armée canadienne qui travaillent en Centre d’hébergement de soins de longues durées (CHSLD), c’est dire que l’hôtel serait pratiquement vide.

« Dans les faits la présence des militaires fait en sorte que 300 de nos 357 chambres sont prises. Mais ça ne nous donne pas plus de travail parce qu’en vertu de l’entente avec le gouvernement, ils s’occupent eux-mêmes de faire le ménage des chambres. Mais c’est certain que financièrement, ça aide l’hôtel à passer au travers de la crise », nous raconte la consoeur Brault

Les choses ont changé en grand depuis la crise dans l’organisation du travail. « Des plexiglas ont été installés pour ceux qui sont en contact avec les clients à la réception et pour le service des concierges. Il y a du Purel partout. La température des employés est prise à leur arrivée et à l’heure des repas. Le ménage d’une chambre ne se fait que 24 heures après le départ du client et nos préposées aux chambres de rentrent pas dans une chambre si le client s’y trouve. Un des ascenseurs est réservé aux militaires parce qu’ils travaillent en CHSLD et l’autre est pour les clients. C’est vraiment complètement autre chose » nous explique la présidente de l’unité.

Sur les 185 membres de l’unité, seulement 19 sont au travail… Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Au nombre des personnes à l’emploi, on retrouve Fatima Rodrigues une Québécoise d’origine portugaise qui travaille à l’hôtel depuis son ouverture, il y a 29 ans ! Elle nous explique que « nous ne sommes plus que six qui étaient de la première équipe encore à l’emploi ».

D’emblée elle nous raconte « jamais je n’aurais pensé un jour vivre une telle histoire ». Elle était en visite au Portugal lorsque la crise l’a forcée à écourter son voyage. « Quand je suis partie en février, l’hôtel était plein, quand je suis revenue, l’hôtel était vide, ça m’a fait tout un choc », nous raconte la consoeur Rodrigues. Après la quarantaine de 14 jours, elle s’est rapportée à son employeur qui l’a rappelée.

Elle est dorénavant affectée au « grand ménage du printemps » qui consiste à faire le nettoyage en profondeur des chambres inoccupées. Les murs, derrière les meubles, la ventilation, etc., tout passe au nettoyage. Elle est équipée d’un masque et de gants et au lieu de faire le ménage à deux dans une chambre, c’est une par chambre maintenant. Prévu à la convention collective, ce « grand ménage » est normalement fait en saison morte. Le syndicat a fait des représentations pour que la corvée soit effectuée en ce moment alors que l’employeur s’est prévalu de la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC). « On n’est pas beaucoup d’employés, c’est très étrange et aussi très triste pour tous les autres qui sont en mises à pied », nous raconte-t-elle.

Sinon, la consoeur Rodrigues garde le moral. Sa santé et celle de son mari (un machiniste) vont bien tout comme celle de son fils.

Un grand merci aux membres du secteur de l’hôtellerie et courage pour celles et ceux qui sont en mis à pied!

 

Quelques-uns des membres de l'équipe:

Olinda Loureiro, préposée aux chambres, Pedro Goncalves, équipier entretien ménager, Andrée Léonard, préposée aux chambres, Manuel Fernandes, plongeur, Fatima Rodrigues 

Crédit photo : Mylène Brault