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Cotisations syndicales et actions politiques

Communiqué

5 Sep. 2025

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Se syndiquer avec Unifor

Unifor Québec réplique à l’article paru dans La Presse

Hier, La Presse publiait un éditorial portant sur l’utilisation des cotisations syndicales à des fins autres que la négociation. Il y avait une prise de position claire contre les dépenses syndicales visant à entrer dans le débat politique. Une vision réductrice, qui cantonne le rôle syndical à la seule négociation. 

Or, il faut remettre les choses en perspective. L’utilisation de la cotisation par les syndicats nous renvoie directement à la question du rôle qu’ils doivent jouer dans la société. À quoi servent-ils? Pour quelles raisons les travailleuses et travailleurs se dotent-ils d’un syndicat et quel mandat lui confient-ils? 

La réponse se trouve assez facilement dans le Code du travail lui-même. Le Code prévoit qu’un syndicat est «un groupement de salariés […] ayant pour but l’étude, la sauvegarde et le développement des intérêts économiques, sociaux et éducatifs de ses membres et particulièrement la négociation et l’application de conventions collectives.» Si un des mandats les plus importants des syndicats est effectivement la négociation et l’application des conventions collectives, on constate qu’ils ont le devoir de veiller à la sauvegarde des intérêts économiques et sociaux de leurs membres. Ce n’est pas nous qui l’inventons, c’est prévu dans la loi. 

Personne ne peut défendre sérieusement l’idée que cette sauvegarde puisse passer par la seule négociation collective. Les normes du travail, la fiscalité, les programmes sociaux, le logement, l’environnement — surtout dans un contexte de transition juste — imposent une intervention politique des syndicats. 

Même si l’on devait argumenter que les syndicats devraient d’abord et avant tout s’attarder aux conditions de travail des syndiqués, force est de constater que les gouvernements agissent directement sur celles-ci en court-circuitant la table de négociation.  

Les gouvernements ont longtemps aimé dicter les négociations à coups de lois spéciales. Souvent jugées illégales par la Cour suprême, ils contournent maintenant cette interdiction par des méthode créatives. Le gouvernement fédéral a eu sa récente épiphanie sur l’article 107 du Code canadien du travail et le gouvernement québécois a fait de même avec sa copie carbone adoptée avec le récent projet de loi 89. Comment les syndicats sont-ils supposés éviter le débat politique si ce sont les politiciens qui dictent le déroulement des négociations? Autant dans le secteur public que dans le secteur privé.  

Les conditions de travail de la population et des membres des syndicats sont directement impactées par les décisions politiques, les lois adoptées et les stratégies industrielles mises en place par les gouvernements. Vouloir faire taire les syndicats sur ces enjeux revient à amputer une de leurs fonctions primordiales confiée par leurs membres. 

Les citoyens ne sont pas invités à la chasse aux faisans ou au Beaver Club.  Ils n’ont pas accès aux puissants de ce monde pour faire entendre leurs doléances et leurs revendications.  Les politiciens visitent les chambres de commerce pendant leurs mandats. Ils ne fréquentent les soupes populaires que lors des élections. Les membres des syndicats se sont cependant dotés de structures capables de les représenter et de crier en leur nom. Museler les syndicats dans l’arène politique, c’est s’assurer de donner toute la place aux lobbyistes des riches et des puissants.  

S’ils ne sont pas sans faux pas, les syndicats sont des structures démocratiques où les membres peuvent se faire entendre, prendre des décisions, se faire élire ou tout simplement décider de mettre fin à leur adhésion et de révoquer l’accréditation. Tout ceci avec un simple vote majoritaire, encore comme le prévoit le Code du travail. La loi prévoit déjà également qu’ils ont accès aux finances de leur organisation avec un recours légal en cas de refus. Il s’agit d’un système de reddition et d’imputabilité exigeant qui n’est demandé à aucun autre type d’organisation dans notre société.  

La cotisation syndicale est une mise en commun des ressources des travailleuses et des travailleurs afin de se battre à armes presque égales avec des multinationales et des gouvernements qui ont un impact quotidien sur leur qualité de vie. Vouloir limiter son utilisation à la seule négociation, c’est vouloir museler la voix de la classe moyenne.

Il est bien possible que tous les membres ne soient pas d’accord avec toutes les dépenses de leur syndicat. Remet-on en question l’impôt sur le revenu chaque fois qu’un citoyen est en désaccord avec une dépense gouvernementale?